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Le Joël Dicker nouveau est arrivé

La Disparition de Stéphanie Mailer (2018) Résultat de recherche d'images pour "la disparition de stephanie mailer"

Un roman de Joël Dicker

Paru le 1erMars 2018

Aux Editions De Fallois

 

 

Quelques jours avant son départ à la retraite, l’inspecteur Jesse Rosenberg est pris à partie par une journaliste de l’Orphea Chronicle, Stéphanie Mailer. Elle lui révèle que l’enquête qui a fait de lui un héros, vingt ans auparavant, a été bâclée : le meurtre du maire d’Orphea, de sa famille et d’une joggeuse, le jour de l’inauguration du premier festival théâtral de la ville. Il n’aurait pas vu ce qui était sous ses yeux. C’est alors qu’elle disparaît. Avec l’aide de son ancien coéquipier et d’une nouvelle inspectrice d’Orphea, Jesse va rouvrir l’enquête et les blessures qui y sont liées.

Depuis l’immense succès de La Vérité sur l’affaire Harry Québert, chaque nouveau roman de Joël Dicker est attendu avec fébrilité. Ce roman d’enquête, dont le thème peut faire beaucoup (parfois trop) penser à La Tâche de Philip Roth, mélangeait habilement les influences. Ce premier best-seller de l’auteur s’inscrivait entre les polars psychologiques de R.J. Ellory et les intrigues à tiroirs de Michael Connelly. On avait hâte de savoir ce qu’il allait pouvoir nous offrir par la suite. Vint alors Le Livre des Baltimore qui reprenait les mêmes recettes sans prise de risque. Cela pouvait sembler logique de vouloir asseoir sa réputation et consolider le lectorat acquis. Il fallait donc attendre un nouveau livre pour se faire un avis.

Force est de constater que La Disparition de Stéphanie Mailer est une déception. Ce n’est pas un mauvais roman, mais il sent terriblement l’écriture automatique. L’auteur nous sert encore la même chose. Il reprend ses influences américaines, les mêmes ambiances et la même construction de l’histoire. Chaque chapitre finit par un cliffhanger qui vise à hameçonner le lecteur mais ne l’éclaire jamais. Joël Dicker utilise parfois plusieurs fois le même ressort à différents endroits pour embrumer un peu plus et donner l’impression d’une virtuosité de l’intrigue qui s’avère assez classique finalement. On pourrait bien nous servir du foie gras tous les jours qu’au bout d’un mois, ça n’aurait plus de goût.

D’ailleurs, c’est comme si l’auteur avait pressenti les déceptions à venir. Il se défend de tout mauvais avis à venir en créant un personnage de critique théâtrale qui coche toutes les cases des clichés sur la profession. Un critique est forcément un artiste raté qui reproche aux autres leur succès. À part Luc Besson avec Valerian, plus personne n’avait osé faire appel à cet argument éculé depuis longtemps.

Malgré cette impression de déjà-vu et de paresse de l’auteur, la lecture reste fluide et sympathique. On ne passe pas un mauvais moment mais le goût de réchauffé est trop présent. Il n’y a pas la même saveur et on oublie tout une fois le livre refermé.

Un article de Florian Vallaud

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