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Who you gonna call ?

Un fantôme américain (2017)

Un roman de Hannah Nordhaus

Sortie le 7 Septembre 2017

Aux éditions Plein Jour

À Santa Fe, au Nouveau Mexique, un esprit a acquis une jolie petite réputation. Julia Staab, décédée en 1896 continuerait de hanter les couloirs de son ancienne maison devenue maintenant un hôtel. La mine triste, elle apparaîtrait à certains privilégiés et son histoire varie au gré des légendes. Femme battue pour certains, suicidée après le décès de son bébé pour d’autres. Le mystère reste entier et fascine les chasseurs de fantômes amateur. Hannah Nordhaus est son arrière-arrière-petite-fille, et elle a décidé d’éclaircir ce mystère. Elle part à la rencontre du destin de cette jeune juive-allemande émigrée aux Etats-Unis en pleine période du Far West.

Sous ses airs d’histoire de fantômes victoriens, ce roman est un petit trésor qui révèle ses richesses dès lors qu’on prend le temps de le regarder. L’argument fantastique n’est que le vecteur d’une histoire bien plus grande qui vous emmène de Prusse au Nouveau Mexique sauvage et ses grandes plaines dangereuses, en passant par les camps de la mort près de Prague. L’auteure nous fait voyager au gré de ses recherches familiales et nous offre un parcours de vie emballant et romanesque. Julia Staab n’a pas eu de chance dans la vie, mais son malheur et ses ramifications sont autant « d’aventures » qui rythment merveilleusement le récit. On apprend à la connaître et c’est par elle qu’on découvre une époque et un contexte particulier. On retrouve la saveur particulière et l’évasion que peuvent nous provoquer les westerns.

En ceci, l’écriture de Hannah Nordhaus est d’une force d’évocation rare. Elle est à la fois fluide et élégante. Elle passe du compte-rendu de ses recherches à la forme romanesque sans qu’on le sente et donne une homogénéité à l’ensemble. C’est envoûtant, parfois drôle et souvent émouvant. Elle parvient à contenir une généalogie entière en l’espace de 350 pages. Et même si il s’agit de sa famille, elle ne cède jamais à l’égocentrisme. Ses personnages sont le cœur de ce qu’elle écrit. Elle est juste là pour jouer le passeur de leur histoire.

Un fantôme américain est une jolie pépite passée malheureusement un petit peu sous les radars. Les rouleaux compresseurs de la rentrée littéraire l’ont un petit peu écrasé. C’est donc le moment idéal pour le découvrir. Alors que la saison est au froid et à la morosité, il est bon de découvrir cette fin de XIXème siècle dans le désert brûlant du Nouveau Mexique. On vous le conseille à 200%.

Un article de Florian Vallaud