LIVRES

Des nouvelles D’Andromède

Mass Effect – Nouveau Monde.

Bande-dessinée

John Dombrow (Histoire),

Jeremy Barlow (Histoire et Script),

Gabriel Guzmán (Illustration)

Paru chez Mana Books

Sortie en Février 2018

L’Initiative Andromède, la titanesque opération entreprise par Gien Garson, éveille de nombreux soupçons. Sous ses dehors humanitaires consistant à envoyer, après un voyage de 6 siècles, une flotte de vaisseaux gigantesques remplis de colons jusqu’à la galaxie d’Andromède intrigue ou effraie, certains se demandent même si elle ne cache pas des desseins plus sombres. Teran Kandros, soldat turien, est de ceux-là. Sa mission : s’infiltrer au sein de l’opération et en découvrir les secrets inavouables.

Qui se rappelle de la sortie de Mass Effect – Andromeda, il y a presque un an maintenant ? Entre bugs multiples et défauts graphiques hilarants d’amateurisme, le jeu avait fait jasé plus d’un chroniqueur de jeu-vidéo et s’était révélée comme la plus calamiteuse de l’année. Pourtant, en une trilogie de jeux, Mass Effect avait su se faire une place privilégiée à la table des grandes œuvres de science-fiction. En perdant son scénariste originel Drew Karpyshyn peu avant le développement du troisième opus, on savait la série Mass Effect engagée sur une voie d’incertitude, et Mass Effect – Andromeda avait achevé de l’admettre, la plupart des dénouements qu’on en attendait ayant été reportés sur une suite… depuis mise en sommeil, tout comme les DLC prévus (lesquels devraient cependant sortir en romans). En attendant, les créateurs ne restent pas inactifs pour autant, et telle une émanation de leur univers d’une richesse rare, ils nous livrent un récit faisant lien entre la première trilogie et son héritier.

Avec John Dombrow, scénariste de la série, et Jeremy Barlow, qui avait officié sur le volet Homeworlds, on était en droit de s’attendre à un récit non seulement haletant mais aussi ambitieux, référencé et qui offrirait aux fans nombre de détails croustillants sur leur série préférée… et le moins que l’on puisse dire, c’est que la leçon d’Andromeda, pourtant rude, n’a pas été retenue. Haletant et rythmé, le récit l’est, on ne peut pas lui retirer, comme on fait difficilement plus haletant et facile à rythmer qu’une course contre la montre à travers toute une galaxie. Difficilement moins original aussi. C’est bien simple, le scénario de Nouveau monde ressemble aux plus ennuyeuses missions que les quatre opus vidéoludiques avaient pu nous offrir, à savoir se rendre à un point, passer à un autre, et un autre, etc… pour finir par une fusillade. Et ce ne sont pas les enjeux du récit qui apporteront le moindre suspense. Le seul intérêt du récit (à savoir comment l’Initiative était parvenue à obtenir des données en temps réel de la galaxie d’Andromède) n’est finalement relégué qu’au rang d’anecdote.

C’est d’autant plus dommage que le trait de Gabriel Guzmán est vif et apporte ce qu’il faut de vie pour se laisser emporter par la vigueur de l’ensemble. Il souligne à merveille les personnalités des acteurs et les gratifie d’une vraie présence. Assurément le bon point pour cette publication, même s’il est largement contrebalancé par des environnements des plus quelconques. Bien malin celui qui parviendrait à reconnaître les quartiers de la Citadelle ou les ruelles crasseuses d’Oméga s’il n’y avait les indications de lieu. Un résultat mi-figue, mi-raisin, hélas à l’image du tout.

Mass Effect – Nouveau monde ne fait jamais que poursuivre sur la voie de la survie, où elle se rappelle à notre bon souvenir, sans parvenir à se réinventer ou à simplement faire montre d’ambition. On espère juste que ce ne sera que temporaire…

Un article de Guillaume Boulanger-Pourceaux