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« La Chute » poursuit son ascension

Anatomie d’une chute (2023)

Un film de Justine Triet

Avec Sandra Hüller, Samuel Theis,

Swann Arlaud, Antoine Reinartz…

Genre : Policier, drame

Distribué par le Pacte et Mk2 Films

Sortie le 21 Mai 2023

Disponible en dvd, blu ray et VOD

Cette nuit se tenait à Los Angeles la 81ème cérémonie des Golden Globes. Sans surprise, après avoir obtenu la Palme d’Or au festival de Cannes, Anatomie d’une chute de Justine Triet repart avec les trophées du « meilleur Scénario » et du « meilleur film étranger ». Pourtant désavoué par Elisabeth Borne parce que la réalisatrice ne l’a pas brossé dans le sens du poil, le film continue de séduire à l’international. Hélas, pour la raison suscitée, il ne pourra pas briguer l’oscar du meilleur film étranger. A toute fin utile, rappelons que si l’art est politique, la politique ne devrait pas se mêler de l’art. Ceci mis à part, quelles sont les qualités de ce long métrage qui justifient un tel succès ?

Le film raconte le procès de Sandra (Sandra Hüller) après que son mari, Samuel (Samuel Theis), soit tombé du haut du balcon de leur chalet. Epaulée par Maitre Vincent Renzi (Swan Arlaud), elle va devoir faire face à l’avocat général (Antoine Reinartz) et convaincre la Cour de son innocence.

Justine Triet nous a habitué à pervertir les genres cinématographiques. Dans Victoria (2016), elle détournait déjà la comédie romantique pour proposer une analyse très fine de la femme entre deux âges. Ici, c’est le film de procès qui est abordé avec intelligence. A l’instar de La Nuit du 12 de Dominik Moll, ce n’est pas la vérité des faits qui importe ici mais la vérité judiciaire. Savoir ce qu’il s’est produit n’est pas le propos. « La Chute » du titre dont nous sommes invités à découvrir « L’anatomie » n’est pas celle de Samuel.

Cet événement est le prétexte à passer au crible la chute d’un couple, son délitement progressif. vOn y entraperçoit des accès de violence. Peut-être qu’il s’agit de la raison de la mort de Samuel, mais peut-être pas. Le spectateur est invité à se faire son idée.

Pour appuyer sa volonté de ne pas offrir un récit artificiel dont la structure mènerait à une résolution artificielle, Justine Triet ressort des outils dont elle a déjà prouvé sa maîtrise. Ainsi, sa réalisation se veut documentaire. L’image est brute et la caméra bouge régulièrement pendant les séquences de tribunal. Souvent, elle ne trouve pas du premier coup la personne qu’elle doit filmer. Cela ne fait que renforcer le réalisme de son histoire.

Devant cet objet filmique qui modifie nos habitudes de spectateurs, il n’est pas compliqué de comprendre ce qui peut séduire à l’international : des personnages dont il est difficile de discerner la responsabilité, une réalisation documentaire qui brouille les pistes entre le réel et la fiction (renforcé par le fait de faire porter le prénom des comédiens aux personnages). Entre son succès critique et publique, il ne fait aucuns doutes qu’Anatomie d’une chute aurait été un candidat sérieux aux Oscars.

Un article de Florian Vallaud